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Libération
Critique

La nuit des chasseurs

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«La chasse est ouverte». Arte, à partir de 20 h 40.
publié le 30 octobre 2001 à 1h25

Tirer le débat cynégétique vers le haut paraît aussi vain que de vouloir abattre un sanglier à la fronde! A moins de recourir à une méthode d'assaut indirecte, par images interposées. Dans Les chasseurs sont de drôles d'oiseaux (20 h 45), documentaire aux relents de poudre et de plomb, Philippe Lespinasse montre au Comité contre l'assassinat des oiseaux ­ nettement moins amène que la bande à Bougrain-Dubourg ­ des scènes de chasse. Et recueille inversement les impressions des chasseurs (du Quercy et de Gironde) face aux opérations coup de poing de ces écolos allemands. Résultat tautologique: un gouffre d'incompréhension les sépare. Ce documentaire décrit surtout le désarmement des chasseurs face aux abolitionnistes. Pour défendre leur passion, ils ne possèdent ni la rhétorique ad hoc, ni le soutien des médias et encore moins celui des députés européens. Idée aussi attrayante qu'ambitieuse, cette opposition indirecte a tout du coup d'épée dans l'eau. Lorsque, un brin exalté, le directeur de la revue Saint-Hubert célèbre son rapport particulier au monde sauvage, le plan suivant résonne du bruit sec d'une scie qui partage un sanglier par le milieu... Idem pour les images que visionnent les boucaniers de Mortagne-sur-Gironde. Elles insistent sur des rouge-gorges mutilés par des pièges en Lombardie (un odieux braconnage dont on ne connaîtra pas les auteurs). En dissimulant leurs visages, Philippe Lespinasse fourre dans un même carnier prédateurs hors la loi et chasseurs légaliste