Peu d'images qu'on n'ait pas l'impression d'avoir déjà plus ou moins vues dans ce documentaire sur la propagande cinématographique dans l'Italie de Mussolini. Et du premier tiers du film se dégage plus une impression d'accumulation que de démonstration. Pourtant, après les passages obligés sur Dux, le film qui lance le mythe du Duce en 1926, et la Bataille du blé, dont tous les manuels d'histoire reprennent les images, le commentaire amorce une réflexion plus originale sur la part d'humanité que recèlent presque toujours les images produites par le très officiel Institut Luce. Car si les films de l'organe de propagande du régime fasciste sont si efficaces, c'est qu'ils savent s'attacher d'abord à l'aspect humain des sujets qu'ils traitent. Bien sûr, l'Institut Luce excelle à filmer «les couples les plus féconds (...) accueillis dans la liesse pour la journée de la mère et de l'enfant», mais il conserve sa capacité à saisir et produire l'émotion dans ses films le plus ouvertement partisans, comme ceux concernant la guerre d'Espagne. No Pasaran n'est pas juste une reprise ironique du slogan des républicains espagnols, c'est un document qui vaut paradoxalement, aujourd'hui encore, comme l'un des témoignages les plus émouvants sur la défaite des antifranquistes condamnés à rendre les armes. Et c'est également à l'Institut Luce que l'on devra les images de l'insurrection et de la libération de Venise, qui marque la dernière heure du régime fasciste... et de son cinéma de propagan
Critique
Le Luce du Duce
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par Florence BOUCHY
publié le 31 octobre 2001 à 1h26
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