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Libération
Interview

«Le commentaire en direct libère du choc des images»

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publié le 1er novembre 2001 à 1h29

Créateur des cellules d'urgence médico-psychologique chargées de prendre en charge et prévenir les névroses traumatiques des victimes d'attentats, médecin et général à la retraite, le professeur Louis Crocq revient pour Libération sur l'impact des images du 11 septembre. Pendant plusieurs jours, les téléspectateurs ont pu voir en boucle les deux avions s'encastrant dans les tours du World Trade Center, puis le feu, les premiers sauveteurs, le trou béant dans le Pentagone provoqué par un troisième avion et enfin l'effondrement des Twin Towers. Traumatisant? Beaucoup de psychiatres ont critiqué cette avalanche de sensationnel. Mais ce n'est pas si simple, répond Louis Crocq, qui attribue même à la télé un rôle de «libérateur» d'émotions, évoquant un effet de «catharsis par délégation».

Pourquoi tant de téléspectateurs ont-ils été captivés par des images aussi dramatiques que celles des attentats de New York et de Washington?

Tout simplement parce qu'au- delà du simple besoin de savoir, nous sommes tous animés par une nécessité vitale de ne pas rester isolé et de nous situer par rapport à ce qui se passe autour de nous. D'ailleurs, contrairement, à ce que l'on pourrait penser, l'information ­ même quand elle n'est pas aussi «choc» ­ s'adresse davantage à la partie «affective» de notre système de connaissance qu'à sa partie rationnelle. Confrontés à des images de crimes, de guerre ou à celles de l'attentat contre le World Trade Center, nous subissons un choc émotionnel qui nous at