Ne pas lâcher. Ne pas détourner le regard. Ne pas faire comme si de rien n'était. La New-Yorkaise grimée façon Halloween est bien aimable, avec son sourire si large et ses incantations: «Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur, je n'ai pas peur» trois fois, c'est deux fois de trop. Oui, tenir, comme on peut. Résister à sa manière. Croire sans trop y croire qu'on est plus utile devant Army Academy que devant Star Academy. Quitte à être une part de marché, autant choisir sa boutique. Fuir, un temps, ces Delarue, ces Foucault, ces Fogiel, tous ces brigands de soirée, avec leur cortège de bonnes manières et de palabres vides. La guerre nous aura permis au moins ça. Marrant, tout de même, l'aveuglement des producteurs télé. A force de tout compartimenter, ils semblent ne rien voir. Partout, le même train-train. De la bonne vieille télé-popote. Quand le monde bascule.
Alors, les JT, iTélévision, LCI, CNN, EuroNews, SkyNews, BBC World. En début de semaine, Donald Rumsfeld est venu nous le répéter. Cette guerre est «un marathon, pas un sprint». Chacun son souffle. Là-bas, celui des bombes. Ici, celui des images. Là-bas, le sol qui tremble sur le passage des B 52. Ici, les mots qui fusent et se croient précis en dissertant mollement sur «la stratégie dite du "tapis de bombes"». Et regarder tout ça, pour rester dans la course. Sans trop savoir, d'ailleurs, quel rôle Rumsfeld voudrait nous voir tenir. Celui du spectateur, du participant, celui du porteur d'eau, de l'arbitre, peut-être du s