Marcel Engel, un Lorrain né en 1922 et décédé accidentellement en 1951, aura porté pas moins de quatre uniformes différents durant la Seconde Guerre mondiale. Enrôlé par le Reich en 1942, il combat sur le «front de l'Est». En janvier 1944, il s'évade, avant d'être fait prisonnier par les Soviétiques. Brièvement interné, il revêt la tunique de l'Armée rouge, puis l'uniforme anglais en Iran, où il est dépêché à l'été 1944. Enfin, en octobre, à Alger, il s'engage dans la Légion étrangère, «à titre français», et participe à la libération de sa région natale. C'est à ces itinéraires tourmentés et absurdes, dignes du roman de Virgil Gheorghiu, la Vingt-Cinquième Heure, que s'intéresse François Caillat. Sur un faux rythme, servi par la voix off indolente de Jean-Pierre Kalfon, le réalisateur raconte le drame des «malgré nous», ces Lorrains et ces Alsaciens incorporés de force par les Allemands durant les deux conflits mondiaux. Son point de départ: l'exhumation d'un cadavre inconnu (celui d'un soldat allemand) en janvier 1951, dans la cour d'une propriété mosellane: celle de la famille Engel. A coups de longs travellings sur la campagne lorraine, François Caillat entremêle l'histoire de «trois soldats allemands», incorporés pour deux d'entre eux durant la Première Guerre mondiale. Son récit s'achève sur la célèbre cérémonie de Verdun en 1984 où François Mitterrand prit la main du chancelier Kohl dans la sienne. Bruno Cailloux, le général qui commandait ce jour-là la prise d'armes,
Critique
Entre deux feux.
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par Thomas Hofnung
publié le 5 novembre 2001 à 1h31
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