Le parfum d'Yvonne sent l'aumônerie. Une petite femme, un demi-sourire timide. Epouse fidèle, mère exemplaire, soutenue par sa grande foi qui l'aida à surmonter les épreuves, bref, pas vraiment une héroïne glamour. Et c'est là la réussite de ce documentaire : faire presque de «tante Yvonne» un personnage de roman, grâce à un commentaire très écrit, signé Geneviève Moll (1). Et des images rares où l'on voit madame de Gaulle jeune, loin de son image de «dame popote». Celle que le grand homme appelait «ma chère petite femme chérie», celle que les caricaturistes croquèrent en mère-la-rigueur, très à cheval sur la moralité des collaborateurs de son mari, fut en son temps une frêle jeune fille qui développa au couvent son goût pour l'austérité. Le gaspillage, les falbalas, c'était pas son truc, à Yvonne. Affaire d'éducation, donc.
Yvonne Vendroux est née avec le siècle dans une famille de notables de Calais. Son père dirige la biscuiterie familiale. Sa mère n'est que dévouement. Yvonne grandit dans un univers où «les hommes sont tournés vers le monde et les femmes penchées sur leur ouvrage». La plus grande folie d'Yvonne : épouser le 7 avril 1921 un capitaine promis à un destin national. «Ce sera celui-là ou personne d'autre !», dit-elle à sa famille qui aurait préféré qu'elle n'épouse pas un militaire. Trois enfants naîtront (Philippe, Elisabeth et Anne, enfant trisomique, qui mourra à l'âge de 20 ans). Yvonne de Gaulle suit son mari dans tous ses périples. Elle le soutient dans s