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Libération
Critique

Mante religieuse et sans foi

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«Mausolée pour une garce». France 3, samedi et dimanche à 20 h 50.
publié le 17 novembre 2001 à 1h39

Miracle. Point de boulanger ni de paysans se disputant le lopin de terre ce soir sur France 3. La chaîne coproduit une minisérie noire de deux épisodes adaptée du roman de Frédéric Dard, Mausolée pour une garce. Le mot est faible. Agnès (Sylvie Vartan) est une salope de haute volée, une mante religieuse qui pleure des larmes de crocodile et empoisonne son monde. Une tueuse. Elle trouve un mari pour en faire une vache à fric, prend des amants et les transforme en assassins. Ou choisit des tueurs à gages comme amants. Agnès a de la femme fatale la mise en plis blonde impeccable et la répartie (qui se voudrait) cinglante : «Vous me trouvez prétentieux ?», s'inquiète la vache à fric (Jacques Weber). «Pire, cynique. Mais j'adore ça», répond la garce. Le reste de l'histoire est un peu plus embrouillé que ces échanges usés : on navigue entre les caravanes d'un groupe de SDF portés sur la bouteille de Villageoise («T'as le delirium qui te chatouille ?») et les villas de bourgeois qui font tourner un fond de whisky dans leur verre. Vartan trompe son mari avec un jeune peintre dépressif qui tombe amoureux de sa fille, qui elle-même aguiche le mari de sa mère, qui veut tuer un vulgaire clochard ­ rendons un vibrant hommage à la barbe synthétique qui bouffe la moitié du visage de Francis Huster.

Le téléfilm tente trop superficiellement de rendre l'époque transitoire du début des années 60 : manifestations pour un référendum sur l'indépendance de l'Algérie, malfrats à chapeaux, rockabilly