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Libération
Critique

Des galériens sur le gril.

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«Ceux des fast-foods», la Cinquième, 14 h 05.
publié le 20 novembre 2001 à 1h40

«Ceux des fast-foods», comme on aurait dit «ceux des tranchées». Durant le coup de chauffe, ils ont une minute et demie pour servir le client roi sous les cris du manager et la soupe FM qui passe en boucle. Le reste du temps, ils passent des chaleurs du gril au nettoyage des WC, ou au lavage des vitres par 2 °C en chemisette. Et toujours au pas de charge. Ce sont les «équipiers» des «restaurants» Quick ou McDonald, dont 50 % d'étudiants, souvent boursiers, toujours précaires. Tant que l'allocation étudiante, que beaucoup des interviewés réclament, n'existera pas, les équipiers à mi-temps prospéreront et une sorte de France à la Zola un peu reliftée subsistera. Les 3 000 F (457 euros) mensuels qui partent dans l'utilitaire (loyer, courses), le temps que l'on passe à jongler entre la fac et le fast-food (redoublements en masse) et les retraits d'argent la peur au ventre (jamais plus de 100 F)... Un horizon qui ne laisse guère de place pour l'hédonisme, même si les recruteurs soulignent «l'excellente expérience» ou «l'équilibre offert» aux postulants.

Sans voix off ni commentaire (juste deux questions sur la fin), le montage est parfois un peu longuet, mais les interviewés, plutôt bien choisis, arrivent à faire passer leur statut genre «pauvre mais digne» avec encore un peu d'humour. Car un jour si tout va bien, ils seront diplômés et partiront pour des jobs plus rémunérateurs. Resteront tous les galériens, «équipiers» aussi mais sans grand espoir de reclassement puisque non étu