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Libération

«Comme on ne les a jamais vus».

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publié le 30 novembre 2001 à 1h47

Dans la grotte, ils sont quatre. L'un d'eux nous tourne le dos. L'homme se présente comme le chef local d'Al-Qaeda. L'image est sombre, le son pourri. Au moins, cette fois, on y est. Dedans. Le document a des allures d'état des lieux, un faux air de visite guidée d'une grotte témoin. «Voici les ennemis que traquent l'Amérique comme on ne les a jamais vus», annonce LCI. Tourné officiellement la semaine dernière, ce document a été diffusé avant-hier soir par toutes les chaînes. Enfin! C'en est terminé des images de grottes prises du ciel ou d'une colline, des plans sur la caverne et des croquis d'architectes. Maintenant, on va savoir, vraiment. Une sorte de cambriolage mondial, l'antre ennemie par effraction-télévision. Et puis, les grottes, ça a toujours été notre truc, depuis qu'on y descendait, petit, pour y jouer au spéléologue grandeur nature. Dans la traque de Ben Laden, tout le reste mis à part, il y a un peu de ça, non? Des réminiscences de jeu de piste, dont on sait d'ailleurs à l'avance où il mène. Et où seuls importent les chemins qu'il va emprunter, et le temps qu'il faudra pour le terminer.

Pour l'heure, donc, les grottes. Du moins, une grotte, entre Kaboul et Jalalabad, «après trois heures d'un chemin à peine carrossable» (TF1). Comme prévu, c'est la descente aux enfers, au centre de la terre, et ça n'a pas beaucoup de rapport avec les schémas distillés par la télé depuis deux mois, ces animations en couleurs qu'on dirait sorties de dépliants d'un salon de la domo