«Je parlerai du film de Kubrick, écrit Jean-Pierre Oudart, selon la manière dont je l'ai reçu, une sorte de film-vidéo, une émission de télévision, une vidéo géante qui serait un film de terreur programmant une histoire de famille en fuite dans un délire de société.» Décidément, il y a des gens qui savent penser le cinéma. Quand ils écrivent comme ça (Cahiers du cinéma, 1980), c'est tout bonus. Pourquoi parle-t-il si bien de Shining, ce film qui fait peur à tout le monde au point de geler toute velléité réelle d'écriture? L'intelligence d'Oudart, son intelligence du cinéma, c'est la même que celle de Kubrick, c'est tout. Ils sont sur le même bateau. «Une émission de télévision.» Faut l'oser, ça. «Une vidéo géante.» Là, il met dans le mille. La pieuvre, il l'a vue. Il parle de Moby Dick, de Psychose, il fait le tour. Pas peur de tourner en rond, de ressasser. C'est bien ce que fait Shining, non? «Il en a plein la bouche de la chair de sa chair, de sa passion cannibale pour le corps de son fils.» On a oublié Story of Isaac, la plus belle chanson de Leonard Cohen, le seul truc sincère qu'il ait écrit. Le délire abrahamique vu du point de vue de l'enfant offert en sacrifice. Mon père, il fait ceci, il fait cela. Comme dit Paul, le temps presse. D'Abraham à Paul, toute l'histoire du monde. «Cette déclaration d'amour fou est saisie dans l'horreur du fantasme qui habite Jack, dans l'horreur de cet objet: le corps de Danny comme chair de boucherie.»
Le père: celui qui ne répond pas a