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Libération
Critique

Le Masque de Dimitrios.

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TCM, 22 h 30.
publié le 3 janvier 2002 à 21h34

Jean Négulesco, d'origine roumaine, fut l'auteur du premier Titanic, se fit souffler le Faucon maltais par Huston, s'érigea une réputation avec une vingtaine de films à Hollywood dans les années 40 et 50, fut mésestimé («négulesconneries», disait-on en France), réévalué, etc. Le Masque de Dimitrios (1944), film assez culte à qui l'on attribua l'envergure anticipatrice d'un Mr Arkadin, est adapté d'Eric Ambler, précurseur du roman d'espionnage, et se vêt des oripeaux exotico-noir de l'époque, espèce d'opus édulcoré dans la foulée de Sternberg. Peter Lorre en écrivain flegmatique s'intéressant à une figure du mal, c'est l'ironie qui donne un peu de sel à un film par ailleurs assez gratuit et inoffensif. D'Istanbul à Paris, en passant par Bucarest et Belgrade, l'ex-M le Maudit tente de mettre au point la biographie mouvementée d'un escroc international qui vient d'être assassiné. Qu'il en incombe à l'acteur ennuyeux (Zachary Scott) ou au morcellement mal maîtrisé du récit, la fascination que le criminel en question est censé dégager demeure image morte. Exit le mal, ne restent que Lorre et son complice Sydney Greenstreet (gangster en cours de rédemption, également sur la trace de D.), tandem déjà éprouvé, dont le charme provient de leur complicité narquoise, à moins qu'il ne s'agisse d'une homosexualité moins bonasse qu'il n'y paraît. Leur jeu s'articule sur une attention mutuelle et des gestes approfondis traduisant une sincère curiosité, proche d'un jeu amoureux inattendu. C'