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Libération
Critique

L'art d'être Nouvel.

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«La Revue». Jean Nouvel. Arte, 23h15.
publié le 11 janvier 2002 à 21h39

D'abord Jean Nouvel insiste: «Je ne suis pas un artiste.» Il est donc architecte (de l'Institut du monde arabe, IMA, de la Fondation Cartier...), bardé de prix et actuellement exposé au Centre Pompidou. Au fronton de cette Revue aux principes kaléidoscopiques, une de ses formules chocs: «L'avenir de l'architecture n'est pas architectural.» Sa silhouette, découpée comme une ombre noire massive, peut donc jouer au passeur, tel l'illusionniste qu'il se plaît à être quand il construit. De Virilio à Baudrillard, Nouvel a toujours convoqué d'autres champs de la pensée ou de l'art. Ici, sont mis en contamination: les abris éphémères du plasticien Thomas Hirschhorn; les corps des danseurs d'Anne-Teresa De Keersmaeker qui se battent contre les murs; l'aspiration à la paresse du designer Ron Arad qui fait rouler ses bibliothèques métalliques; les machines de projection du photographe Bernard Voïta; et les vidéos chaos-pop de l'artiste Pipilotti Rist... Entre ces modules fragmentés, Jean Nouvel se convoque lui-même. Balade dans ses concepts et ses partis pris (contexte, modification, dématérialisation, éphémère, virtualité...) et ode au verre à travers l'IMA, seul bâtiment estompé. Avec son accent du Sud-Ouest, pas virtuel celui-ci, il met de la chair quand il propose des contre-jeux avec la fonctionnalité stéréotypée. Pour concevoir une chambre, «ne faut-il pas aussi envisager le meurtre qui pourrait y être commis? Je suis un kleptomane, un voyeur, un récepteur, un réémetteur. Comme u