Elle est venue pour une bonne et simple raison: sa propre «ambiguïté qu'[elle] trouve amusante». Celle de la femme à deux noms, à deux statuts, à deux têtes. Avec lunettes, professeur de philosophie «qui travaille SUR l'image». Et sans binocles, l'épouse de Lionel Jospin «qui est DANS l'image». Sylviane Agacinski Jospin, donc, dimanche, à Arrêt sur images (France 5). Un modèle de dédoublement, un talk-show d'une nouvelle trempe, l'invitée pour le prix de deux, 52 minutes qui semblent faire le double, un remake de Doctoresse Jospin et Miss Agacinski. Problème: le dédoublement à la télévision, c'est comme dans la vie, il n'y a pas de raison après tout: c'est assez compliqué à faire passer. Faut du métier, de l'expérience, beaucoup d'aisance. Il faut s'appeler PPDA, ou Pierre Lescure, ou Mitterrand (François). Or Sylviane, justement, on ne sait jamais comment elle s'appelle. Elle(s)-même(s) parle(nt) parfois d'elle(s) à la troisième personne, et réciproquement. D'où la difficulté. Daniel Schneidermann va s'y casser les dents toute l'émission: «Qui ne veut pas répondre, Sylviane Agacinski? Ou Sylviane Jospin?» Et si c'était les deux? Ou leur double? Ou la moitié d'une? Et quand bien même Double Sylviane voudrait lâcher quelques mots, une incrustation nous bombarde illico l'intitulé de l'émission: «Sylviane Jospin, l'impossible silence». Le piège parfait: si tu parles, c'est par obligation. Si tu te tais, c'est par lâcheté. Alors, forcément, on regarde. Les malentendus sont suffi
Non-invitée (une nouveauté).
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par David DUFRESNE
publié le 15 janvier 2002 à 21h41
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