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Libération

«Ça peut VOUS arriver!»

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publié le 16 janvier 2002 à 21h41

On va tout vous dire, inspecteur. Vous savez, nous, on ne veut pas de problème avec la police. Voilà. Ça a commencé vers 22 h 30, lundi. Avec ma femme, on regardait la télé, tranquille, voyez. Quand soudain, tout a basculé. L'enfer à la maison. Ça peut VOUS arriver!, c'est le titre de l'émission. C'est une nouvelle émission, sur la Une. Un style de reality-show. Avant-hier, c'était consacré à l'insécurité. Dès le départ, on a compris que c'était pas comme d'habitude. Tout ce rouge dans le décor, ces bruitages, ce VOUS en majuscule, et ce point d'exclamation, c'est pas courant. Le générique défilait. Ils nous promettaient la totale: les vols de voiture, le viol, les cambriolages, le racket à l'école, la violence des mineurs. On était tétanisé. Une agression en bande organisée, leur affaire. Dans l'écran, l'animatrice avait un drôle de regard. On aurait dit qu'elle nous toisait. Vous savez, le genre regard d'en haut... Et elle répétait sans cesse: «Ça peut VOUS arriver! Ça peut VOUS arriver! Ça peut VOUS arriver!» C'est quand même pas humain des choses pareilles. Oui, bien sûr, j'ai son nom. Géraldine Carré, elle s'appelle. Son signalement? Heu, elle aussi, elle était en rouge sang, enfin son pull. J'ai aussi le nom de son complice. Julien Courbet. C'est le cerveau, je crois, le producteur. Il a dit ça: «La question n'est plus de savoir pourquoi il y a de l'insécurité, les gens veulent du concret. Parce qu'ils ont peur.» C'est alors que la femme a commencé à nous menacer. A no