Patrick Jeudy fait partie de ces documentaristes qui cherchent la dimension romanesque des faits historiques, quitte à pratiquer son métier sur la crête étroite où il peut être à la fois journaliste, historien, réalisateur et conteur. Les relations franco-américaines entre 1961 et 1969 font l'objet, en apparence peu glamour, de ce numéro de Passé sous silence, ou plus exactement comment le général de Gaulle tint la dragée haute à l'administration américaine, qui ne comprenait rien à ses subtilités boudeuses et lui livra une guerre secrète sans relâche avant de finalement lui reconnaître ce à quoi il avait tant oeuvré, l'indépendance de la France en matière d'armement nucléaire. Entre la visite de Kennedy à Paris, où les divergences sur la crise de Berlin et le Viêt-nam apparaissent immédiatement, et la réconciliation sous l'impulsion de Nixon, le chef d'Etat français aura copieusement enquiquiné son très puissant allié. En refusant d'être un vassal docile et d'être absorbé dans le commandement intégré de l'Otan, en se comportant à l'étranger comme un empereur en visite, de Gaulle se battit bec et ongles pour conserver à la France un rôle de grande puissance. Héritage qui contribue encore aujourd'hui à nourrir l'antiaméricanisme français, et qui, déjà à l'époque, s'apparentait surtout à un style. C'est ce que met en évidence Patrick Jeudy en accédant aux rapports de la CIA, du Pentagone et du département d'Etat, aujourd'hui déclassifiés, ainsi qu'aux témoignages-souvenirs de
Critique
De Gaulle vu d'en face
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par Isabelle POTEL
publié le 17 janvier 2002 à 21h42
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