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Libération
Critique

L'ombre portée des tirailleurs

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«La Dette» Arte, 20 h 45.
publié le 18 janvier 2002 à 21h44

Erik Orsenna, de l'Académie française, travailla au ministère de la Coopération, à l'Elysée et aux Affaires étrangères. Reprenant sa plume de scénariste pour cette fiction (déjà diffusée sur France 3 en novembre 2000), c'est tout naturellement, dirait-on, qu'il s'attaque à la notion mollement hype de «serviteur de l'Etat». Cela donne un téléfilm très pédagogique, assez ennuyeux mais non dénué de charme, comme ces meubles de famille dont la solidité rustique et la stature imposante donnent envie de les aimer, mais où les mettre?, de nos jours, les logements et les esprits manquent tellement d'espace et d'ambition.

Un jeune homme tout juste sorti de l'ENA se retrouve en stage à la préfecture de l'Aisne où un préfet affable et ironique (André Dussollier) lui confie l'organisation des commémorations de la bataille-boucherie du Chemin des Dames en 1917. Alors que les préparatifs battent leur plein, un type genre marabout débarque et rôde. Le jeune énarque découvre qu'ont péri sous les obus 8 000 tirailleurs sénégalais, maliens, burundais, voltaïques, à qui la France n'a jamais acquitté la dette du souvenir. C'est le moment où jamais, se dit le jeune homme, mais les huiles du ministère ne veulent pas de sorcier africain dans leurs festivités. Dilemme et boule de gomme, et un message non négligeable à l'adresse des jeunes: ayez des idéaux, même si ça contrarie votre carrière et vos parents; ayez des scrupules et ne croyez pas que ce soit vain, le monde en sera infiniment plus juste