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Libération

La photo se rebiffe sur le droit à l'image

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Contre-offensive contre deux femmes en procès pour atteinte à leur vie privée.
publié le 18 janvier 2002 à 21h43

L'affaire débute en août 1997 à Paris, lors des Journées mondiales de la jeunesse organisées par l'Eglise catholique. Abbas, un reporter-photographe réputé pour ses travaux sur les religions, prend un cliché de deux femmes agenouillées dans la rue, en train de prier. En mars 2000, l'Express publie la photo dans un grand dossier intitulé «Dieu est-il misogyne?» Les deux femmes portent plainte. Elles réclament chacune 150 000 francs (22 867 euros) de dommages et intérêts à l'hebdomadaire, au photographe et à l'agence Magnum qui a vendu la photo.

Leur argument: la diffusion de cette photo, sans leur autorisation, est une atteinte à leur vie privée. Elle leur porte d'autant plus préjudice que l'article qui l'accompagne, disent-elles, dénigre les femmes, la religion, et d'une manière générale les femmes qui pratiquent une religion. Elles ajoutent que cette utilisation de leur image peut laisser penser qu'elles cautionnent l'article.

«Cette photo a été prise de façon impudique et publiée dans un article impudique, affirme Me Solange Doumic, avocate des deux femmes. Mes clientes ne cherchent pas à gagner de l'argent en profitant de la publication de cette photo, mais à obtenir réparation du préjudice qu'elles ont subi.»

Jusque-là, rien d'extraordinaire. Les procès pour atteinte à la vie privée sont de plus en plus fréquents. Il est devenu très courant que des personnes qui se reconnaissent sur une photo attaquent le journal qui l'a publiée et réclament une indemnité. Depuis quelques a