En Allemagne, une tradition belle veut que les petits ramoneurs portent bonheur à celui qui les touche. Le bonheur peut-être, mais pour les autres. Pour les hirondelles de l'hiver que le maître Rattenfänger vient cette saison encore chercher dans leur village savoyard, ce sont six mois de travail, six jours sur sept, la suie dans les poumons, le risque de rester coincé, le risque des feux de cheminée... Et les pièces gagnées que le maître garde jusqu'à la fin de l'hiver...
La compagnie des blouses noires se met en marche, Peau de Lapin (Lorant Deutsch, décidément doué), Jeanjean le Boiteux, Carrousel et Hérisson, le second du maître, dont les yeux vont, pour qui sait voir, trahir le secret... Rejointe par Gervais (excellent Samuel Dupuy), l'intello, celui qui ne sait pas ce que travailler veut dire, puis par Petit Benoît, son frère... Silhouettes sombres dans la neige, de villages en villes, jusqu'aux brumes belges. Le maître Rattenfänger (Patrick Raynal) gueule haut et fort, vrai tendre, bien sûr, quand la troupe a faim, évoque Moïse et saint Antoine aussi, son préféré, qui jeûnaient, «pour trouver la paix». Et ainsi passent les jours, d'une cheminée l'autre, d'une peur l'autre.
Les premières images font craindre un misérabilisme écoeurant. La suite rassure. C'est du bon téléfilm, servi par des comédiens bien dirigés. L'intrigue est simple, efficace, qui revient dire ce que l'on savait, le XXe siècle, en France, s'est ouvert sur cette cruauté-là, lueur tremblante dans les yeu