D'un procès l'autre. Dans le sous-sol de la maison de production la Sept Vidéo, Touvier a remplacé Barbie sur les écrans de montage. Derrière les claviers, la même équipe, ou presque, qu'il y a deux ans. Trois historiens, un réalisateur devant 108 heures de film à monter en 24 émissions d'une heure trente. Pour la seconde fois, après la diffusion du procès Barbie en octobre 2000, la chaîne Histoire s'est saisie d'un document d'archives qui revient sur la Seconde Guerre mondiale pour le livrer au large public de la télévision, à partir de lundi soir à 19 heures.
Ce jour de décembre, l'historienne Agnès Chauveau visionne les images de la huitième audience du procès, en 1994 à Versailles, de l'ex-chef de la milice de Lyon. Paul Touvier devant ses juges, après quarante-cinq ans de cavale, pour avoir ordonné le meurtre de sept juifs en 1944. Un «crime contre l'humanité» pour les parties civiles que la défense s'évertuera à nier tout au long de ces six semaines de procès.
«C'est étonnant de le voir revenir jour après jour, toujours habillé de la même façon», murmure Agnès Chauveau. Dans un costume verdâtre sur son gilet bordeaux à boutons blancs. Depuis plusieurs mois, la jeune historienne et ses deux confrères, Jean-Claude Lescure et Frédéric Attal, ont rendez-vous avec le chef milicien dans ce sous-sol. Un rendez-vous avec une période de l'Histoire qu'ils n'ont connue que dans les livres. A la main, elle tient quelques feuilles de papier, fruit de son décryptage de l'une des 24 ca