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Libération

L'impasse.

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publié le 22 janvier 2002 à 21h46

L'histoire est celle d'un homme qui a réussi sa vie et raté sa mort. Un homme qui a tout vu et tout vécu en double. Un homme brillant, chercheur à l'OMS, petit protégé de Kouchner, pivot de son entourage, fierté de tous. Jusqu'au jour où il tue père, mère, femme et enfants. L'histoire, c'est le Roman d'un menteur (dimanche soir, sur France 2). C'est l'affaire Jean-Claude Romand. Et l'affaire Romand, c'est l'affaire de tous. Celle des mensonges, des doubles vies qu'on se rêve, celle d'une époque où le statut social est le plus sûr des sésames, et le simulacre fait une excellente raison de vivre. Presque de la real TV avant l'heure. Quinze ans durant, cet homme au visage rond ment. Et fait comme si. Comme s'il était bien cardiologue, interne des hôpitaux de Paris, chercheur à Genève. Tout est faux, bidon, mais sonne plus vrai que vrai. Sa carte de visite est si belle, tellement classe. Pendant une heure, amis et ex-belle-famille défilent dans le documentaire de Gilles Cayatte et Catherine Ehrel. Face caméra. Face à leur crédulité. Ils font parler les morts. Les parents du meurtrier, ou son épouse Florence. Personne n'a rien vu, tout le monde a marché. Portrait en creux d'un homme à la vie dense et vide à la fois. Les anecdotes se succèdent. Ses proches le croient en déplacements professionnels? Il erre dans les restauroutes. Les médicaments expérimentaux vendus très cher par Romand à un proche? «De la poudre de perlimpinpin.» Les placements en Suisse «de l'ordre de 18 %» qu'il