Curieuse actualité Kazan. Un cycle intéressant sur Cinétoile, un curieux téléfilm sur Canal + (la Vie de James Dean). Kazan, cinéaste personnel , virtuose jusqu'à l'écoeurement, que la plupart des critiques méprisent pour certaine trahison de jeunesse. Cette trahison-là il a dénoncé deux ou trois collègues communistes aux tribunaux maccartystes est moins honteuse qu'on ne l'imagine, moins honteuse, en tout cas, que les crimes mondains et esthétiques commis au jour le jour, dans la plus franche impunité, par ces journalistes qui jugent et dénoncent Kazan avec un manque de courage plus patent que le sien. Kazan, c'est l'excès sous toutes ses formes. Trahir, c'est un excès comme un autre. Quand on sait ce qu'on sait des excès du patriotisme américain et des excès du communisme, on doit bien finir par relativiser cette trahison.
Ne pas oublier que Kazan n'est pas un cinéaste, mais un directeur d'acteurs. Ça rétrécit singulièrement la conception du métier. Pialat, dont 99 % du travail porte sur l'acteur, est quand même un cinéaste. Kazan, c'est l'exagération, l'intériorité expressive, l'instinct brandi en étendard, l'expressionnisme du jeu de l'acteur jusqu'à l'incandescence. Aujourd'hui, art ou artifice, ce n'est pas plus mal de savoir diriger un acteur. Un acteur, on ne lui demande pas d'être naturel. Pour peu qu'on ait une idée du cinéma, on lui demande tout sauf ça.
Reconstitution lyrique et échevelée de l'immigration d'un jeune Grec de Turquie (l'oncle de Kazan), America,