Cinq des six films choisis par Bernadette Lafont ont été tournés entre 1968 et 1971. «Il y avait un élan, une fièvre...», dit-elle aujourd'hui. Le genre d'élan qui, une nuit de mai 68, l'amène à taper Chabrol de 500 francs pour suivre Garrel et Terzieff dans un car Volkswagen pour l'Allemagne. Ils y tourneront en une semaine le Révélateur, film silencieux en noir et blanc. Une oeuvre oppressante, somnambulique, où le visage de Bernadette Lafont irradie sur la nuit noire et disparaît dans l'éblouissante luminosité d'une lampe torche. Où un couple et un enfant se cachent dans les champs et dans les armoires, fuient par les routes ou les carrières, se crucifient sur le grillage d'un camp allemand. «C'est un film chorégraphique, géométrique, note Bernadette Lafont. A Berkeley, il était adoré par les physiciens et les vieux étudiants qui y déchiffraient des équations mathématiques! Garrel avait seulement raconté à Michel Fournier, qui a fait la lumière du film, ses cauchemars d'enfant, en le chargeant d'en rendre l'atmosphère.»
De mai à décembre 1968, Bernadette Lafont tourne L'amour c'est gai, l'amour c'est triste, de Jean-Daniel Pollet, Paul de Diourka Medveczky et Piège de Jacques Baratier. «Des gens passionnants: j'ai toujours adoré les aventures artistiques, les expériences mentales. Ces films sont des petits diamants noirs... Des oeuvres qui font bouger, qui sont des révélateurs de la mentalité des gens.»
Dans Piège de Baratier, Bulle Ogier et Bernadette Lafont sont attirées