TCM, 0h25. Réévaluer deux Minnelli jumeaux à une semaine de distance, Celui par qui le scandale arrive et Comme un torrent, c'est inévitablement les comparer avec John Ford, l'autre grand cinéaste qui squatte TCM en ce moment. On s'est amusé à opposer l'autre jour Comme un torrent à Rio Bravo. La supériorité du western terminal hawksien sur le sublime mélo minnellien est évidente. Vincente Minnelli, un maillon important de la chronologie hollywoodienne, ne fait pas meilleure figure face à John Ford. Ford, Minnelli, le hiatus est de taille. Un muet, un inverti. Un militaire, un danseur. Père et fils d'une certaine tradition, la plus conservatrice, la plus lourde. Deux esthètes décalés, reconnus par la profession comme les maîtres d'un genre (le western, le musical), et qui excèdent évidemment ces limites. Deux cinéastes qui ne sont jamais là où on les attend.
Minnelli, c'est l'éblouissement musical et sentimental, la chorégraphie d'affects la plus torturée et la plus gracieuse qui soit. Plus encore que dans ses chefs-d'oeuvre musicaux (Tous en scène, Brigadoon, le Chant du Missouri), il y a dans ses films «sérieux» les plus achevés (The Clock, Thé et sympathie, la Toile d'araignée), une force d'introspection et un lyrisme qu'on ne trouve que rarement dans le cinéma commercial, même à l'âge classique. Comme un torrent, sans doute le plus beau Minnelli, débarque en 1959, au moment où le cinéma bascule dans l'ironie, où les documentaristes d'eux-mêmes que sont au fond les grands