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Libération
Critique

Des gays au rapport.

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publié le 8 février 2002 à 22h06

«Frères interdits et pourtant si semblables, étranges étrangers, leurs désirs, les miens...» Serge Moati parle des homosexuels sur le mode de l'auto-mise en scène lyrique. Le réalisateur prolixe de films, documentaires et téléfilms aux sujets variés (la vie de Jésus, les campagnes électorales du Parti socialiste, la psychanalyse) a «failli» devenir homosexuel. C'est du moins ce que sous-entend son récit d'introduction, où il se dépeint jeune enfant efféminé, attiré par la danse. Sa mère a mis le holà à ses désirs de tutu, «mais si j'ai tué le petit danseur, je ne l'ai pas oublié».

C'est donc au nom de ce passé, se décernant le rôle de l'hétéro plouc de base, que Moati interroge une galerie de témoins ­ retraité, commerçant, consultante, professeur ­ dont l'intelligence et la sensibilité vont miraculeusement sauver son documentaire du ridicule. «Les homos se reconnaissent-ils dans la rue? Pourquoi le corps d'une femme ne vous plaît pas? Pourquoi un godemichet alors que c'est si bien un sexe d'homme?» questionne Moati en Candide grand public.

Ses interlocuteurs (beaucoup d'hommes et peu de femmes, car il s'agit d'illustrer les interrogations existentielles du réalisateur) évoquent désir, plaisir, culpabilité, souffrance. Samuel, 31 ans, professeur en banlieue, parle de ses élèves «qui voient l'homosexualité comme la pire chose qui puisse leur arriver». Olivier, 37 ans, décorateur, voudrait qu'on cesse de parler de communauté homosexuelle: «C'est un continent, il n'y a pas plus d