Sous couvert de documentaire, Christophe Otzenberger, connu pour son travail sur les SDF et sur... Didier Schuller, a en fait tourné en Corrèze une fiction façon dogme où seules les scènes entre les trois héros étaient écrites. Ces jeunes paumés parisiens, Yann, Céline et Léna, n'ont pas été bien longtemps «aux écoles» comme on dit en Corrèze, ni trop réfléchi au sens de leur vie. Trop occupés à glander et à dealer du shit. Ce qui leur a valu quatre mois de prison ferme et une interdiction de séjour en Ile-de-France. A Tulle, il leur faut travailler et se réinsérer; sans repères et confrontés à une misère rurale moins voyante qu'à Paris, mais réelle.
Pour Yann et les filles, il n'y a que des jobs pénibles et sous-payés, de l'intérim où on s'écrase pour éviter la porte. Car le juge les a à l'oeil et l'assistante sociale n'a pas le douceur minaudante de Véronique Jeannot. Dos au mur, sans autre soutien qu'eux-mêmes, chacun des trois réagira à sa manière, sur l'air du «là où il y'a une volonté, il y'a un chemin» entonné par les gens du coin qui les aident comme ils peuvent.
Au-delà de l'insertion des jeunes à la dérive, d'uneVie rêvée des anges rurale, Otzenberger traque la poursuite du bonheur. Pourquoi il échappe à certains. Et pourquoi Yann trouve le bonheur dans le pré quand le beau personnage de Céline au mental en dents de scie finit par abdiquer. En ces temps d'utopie de retour à la terre, cet âpre film au réalisme tranchant (séquences à l'ANPE et au travail filmées «pour