Michel Muller, secrétaire général de la Filpac-CGT (1), autrement dit le syndicat du Livre, demande que le lancement des quotidiens gratuits Metro (du groupe suédois du même nom) et 20 Minutes (du norvégien Schibsted) soit suspendu en attendant une étude d'impact. Entretien.
Vous avez obtenu le report du lancement de «Metro». Est-ce que cela signifie que vous vous opposerez à tout lancement de quotidien gratuit?
Opposer un «non» définitif à Metro et à 20 Minutes ne signifierait pas grand-chose. Ce que nous demandons, d'une manière très officielle puisque nous allons adresser une lettre en ce sens au gouvernement et aux éditeurs de presse, c'est qu'une étude d'impact soit réalisée. Ces quotidiens gratuits risquent-ils de prendre des lecteurs aux journaux payants? Et risquent-ils d'assécher le marché publicitaire qui n'est pas extensible? Deux questions d'autant plus cruciales en France, où la presse quotidienne nationale est fragile tant du point de vue du nombre de lecteurs que des recettes publicitaires. Nous savons bien que ce genre de journaux existe ailleurs et qu'il correspond à un concept à la mode: celui d'une presse succincte, vite lue. Nous ne voudrions pas que cette presse, qui ne contribue pas au débat public, menace les quotidiens payants qui, eux, y contribuent.
Mais cette étude va prendre du temps?
Je pense effectivement qu'elle va demander six à huit mois. Il faut qu'elle soit faite sérieusement, par des experts. Metro et 20 Minutes peuvent bien attendre quelques