Les films vont et viennent. Les concepts aussi. Il arrive d'ailleurs que les films tiennent moins la route que les concepts. In The Mood For Love vaut moins que les crooneries sur lesquelles il fonde sa morbidesse sentimentale, ce refrain d'images (ils se ratent toujours, c'est ça?) qui se substitue de plus en plus au cinéma proprement dit. Au mieux, ça donne le système Gary Marshall de ciné-chanson (Pretty Woman, Frankie and Johnny), au pire le système Wong Kar-waï de légoïsation du monde. Le légoïsme de Wong Kar-waï est un astucieux système formel qui met en avant textures de peau et couleurs rapprochées (comme des briques de Lego), plutôt que personnages en tant que tel. Certains jours de déprime, certains jours de pluie, on peut appeler ça le système Haribo, du nom de ces bonbons pour enfants dont l'aspect importe plus que le goût. Un Haribo, autant dire une star synthétique de couleurs vives qui prend bien la lumière, comme une actrice. On a les actrices qu'on mérite, les stars qu'on mérite. A époque et cinéma Haribo, stars Haribo, sentimentalité Haribo, et bien sûr musique Haribo.
Par où prend-il la lumière, cet Haribo expérimental-mondain? Par le bas, évidemment. In The Mood For Love s'éclaire à l'évidence à hauteur de cul. Petit cul moulé dans une jupe étroite (quelle fille n'a pas voulu se l'acheter?), et qui passe à peine dans des couloirs plus étroits encore. Quand le couloir est plus serré que les fesses qui s'y pressent, par où entre le regard du spectateur? Par