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Libération
Critique

La Belle Espionne

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Canal + Vert, 14 h 30.
publié le 19 février 2002 à 22h19

Il se rappelait qu'il avait parlé de cinéma Haribo. Mais Walsh? Qu'est-ce que Walsh, le Walsh de la superbe trilogie maritime bâtie autour des amours viriles de Gregory Peck (Captain Horatio Hornblower, The World in His Arms) et de Rock Hudson (la Belle Espionne) vient faire dans cette affaire? Tout et rien. La beauté équivoque de Rock Hudson, chouchou sirkien bâti comme un bûcheron de Dieu (et surtout premier grand séducteur hollywoodien à avoir annoncé son homosexualité et son sida), donne dès 1953 à la Belle Espionne des airs pré-Haribo étincelants de génie et d'évidence. C'est le troisième volet de la trilogie corsaire de Walsh, le plus louche, le plus métissé, le plus beau. Faut être pervers, diront les crétins cinéphiles, pour voir dans les amours d'un contrebandier anglais du XVIIIe siècle, et d'une audacieuse espionne qui réussit à ridiculiser Napoléon et Fouché, des airs de pré-In The Mood For Love, ce manifeste expérimental/pédé pour lequel on inventait, pas plus tard qu'hier, le concept-Haribo.

La belle espionne qui ruse avec les Français comme elle ruse avec le beau Gilliatt (Rock Hudson), c'est Yvonne de Carlo, l'héroïne immature et craquante comme du sucre candi de l'Esclave libre (Walsh, 1957). Yvonne de Carlo, même pour les walshiens les plus bornés, c'est la petite fille et la vamp, celle qui veut que papa la fasse sauter sur ses genoux pour la vie, même quand ses fesses et ses seins ont grandi hors norme. Yvonne de Carlo, c'est Marilyn puissance mille. Elle