Retour de vacances et premier zapping, vendredi soir. Les murs de la prison de la Santé. Les murs les plus crades de Paname la ravalée. Noire pollution, noire prison. Et lui, Didier Schuller, notre bon ami, le luron de service, le brise-campagne, tout jovial, tout sourire, qui nous regarde au fond des yeux du JT de Claire Chazal. Libre, libéré, veste bleu marine, son quart d'heure de gloire, c'est plusieurs mois, tous les sept ans. «Je voudrais rendre hommage au difficile travail des membres de l'administration pénitentiaire. C'est bien de vouloir l'impunité zéro, ce serait mieux de venir ici pour se rendre compte des immenses besoins budgétaires de cette politique.» Sur France 2, une délicieuse incise complétera sa charge: «De venir ici en simple visite, comme on dit au Monopoly.» Et le voilà qui continue ses sous-entendus, sourit encore, on le regarde, comme devant une bonne nouvelle: surpris, amusé, perdu. Devant, des micros et des caméras face à de l'or fin surexcités. Derrière, son avocat, quelques gros bras et une silhouette noire. Un mystère de femme, chapeau et valise noirs, adossée contre le mur sombre et la porte qui fut peinte de la prison de la Santé. Jamais dans l'axe des caméras, toujours à l'écart, sourire retenu et va-et-vient de figurante de cinéma. Une femme fantôme, muette, sûrement essentielle. Schuller devant la Santé: le plus beau plan-séquence de l'actualité 2002. Schuller tout court: césar du meilleur rôle masculin des hommes des affaires de l'année
L'homme des Hauts-de-Scène.
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par David DUFRESNE
publié le 4 mars 2002 à 22h29
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