Un parcours initiatique détonant dans Beyrouth sous les bombes en 1975, c'est l'histoire de Tarek. Un ado musulman issu de la bourgeoisie intellectuelle de l'Ouest, élève au Lycée français, côté Est. Là, des profs paternalistes lui chantent les bienfaits de «l'éducation française, seul chemin pour vous sortir de vos coutumes primitives». Mais Tarek, guère convaincu de la beauté des vers du Cid, préfère s'enflammer pour une caméra Super-8 et zoomer à la dérobée sur les seins de la belle-soeur. Le conflit qui coupe la ville en deux et interrompt sa scolarité lui ouvre une parenthèse d'oisiveté enchantée. Alors que sous peu, ce sera la survie ou les envies d'exil qui importeront. Mais, loin des soucis de ses parents, il s'attache surtout à cerner pourquoi «Paul Anka c'est pervers, alors qu'Oum Khalsoum non, bien qu'elle ne parle que d'amour!». L'air de ne pas y toucher, Ziad Doueiri cerne l'influence naissante des islamistes autour de deux gamins qui n'ont jamais ouvert le Coran, l'hégémonie du voisin syrien, les relations de voisinage tendues...
Installé aux Etats-Unis de longue date, Ziad Doueiri dont c'est le premier film, est le cadreur de Quentin Tarantino. Il a confié le rôle de Tarek à son frère Rami, tout de nonchalance et d'humour irrévérencieux. Le trio infernal (Tarek, Omar et May) s'éclate, insouciant au milieu des snipers et des gravats. Tout ça pour retourner au bordel de «Tante» Oum Walid, une certaine image de la sensualité orientale, soudain en équilibre aux con