Portrait du Maestro en créateur. En 1992, un an avant sa mort, Federico Fellini accordait un long entretien au réalisateur Damian Pettigrew. Ses interventions riches en autoanalyse (biographique mais surtout artistique) structurent ce documentaire patient. Fellini s'y définit comme un «magicien» qui, dès qu'il quitte l'atmosphère des studios de cinéma, se sent «un peu vide». Comme un enfant dans l'âme, affirmant que «l'artiste a un besoin enfantin de transgresser et pour transgresser, il faut des parents» les siens, sans surprise, le rêvaient policier ou cardinal...
L'homme reconnaît sa peur des femmes et du sexe, avant que l'artiste se réjouisse de l'existence des névroses, «antre à trésors dans laquelle on peut piocher à pleines mains». Dans un passage passionnant, le réalisateur d'Amarcord donne les clés de son cinéma qui «est peinture avant d'être littérature et dramaturgie: ce sont des objets et la lumière sur ces objets». Un cinéma où «tout doit être factice mais crédible», telle la mer d'E la nave va, reconstituée non à base d'eau («le vrai peut faire faux») mais de plastique. Un cinéma au point de fusion entre imaginaire et réalité, entre vérité et mensonge, puisque, dixit ce «grand menteur» autorevendiqué, «les choses les plus vraies sont celles que j'ai inventées». En guise de confirmations, Damian Pettigrew a eu la bonne idée de filmer les grands lieux felliniens (Rimini, les plages, Rome...) qui, rendus à leur ordinaire, paraissent aujourd'hui bien ternes. Et mu