Filmer un serpent ou un enterrement, c'est la seule chose à quoi peut bien servir le Cinémascope. C'est ce que disait Fritz Lang en 1963. Il me le disait à moi, alors tu peux me croire, petit. Il n'était pas trop vieux, le vieux Lang. N'avait pas encore besoin, comme tous les vieux maîtres hollywoodiens sur la fin, comme Ford, comme Hitchcock, comme Hawks, comme tant d'autres, de faire plaisir à un crétin de journaliste en lui racontant quand on est fatigué, on raconte n'importe quoi ce qu'il veut entendre à tout prix. A quoi ça sert, le Cinémascope, hein? Et un clin d'oeil de son oeil unique, son oeil narquois si tu peux imaginer ça. Tu ne peux pas. Tant pis. Elia Kazan filmait les serpents et les enterrements mieux que personne. Dans A l'est d'Eden, le meilleur James Dean, le seul bon James Dean, il laisse filer un train dans toute sa longueur, à travers l'écran. Pas sur la largeur interminable du Cinémascope, mais encore mieux, sur sa diagonale. Tu vois, il a le temps, Kazan. Il n'a que ça, mais il l'a.
La séance d'avant (20 h 45, TV Breizh), c'est Leo McCarey qui régale. An Affair to Remember (Elle et Lui, 1957), ou le remake en forme de clin d'oeil de Love Affair, avec Cary Grant et Deborah Kerr à la place de Charles Boyer et Irene Dunne. Pour aimer ce film-là, mieux vaut être une fille et aimer le cinéma. Tu vois, petit, les filles en savent plus que toi sur les accidents de la vie, ce qui fait qu'un film ne fait pas du sur place. Tu ne vois pas? Tu préfères James