«Pas oublier les Toulousains, pas oublier!», entonnent au micro de l'éphémère radio M' Toulouse ceux qui, depuis l'explosion de l'usine AZF le 21 septembre, se sont impliqués dans la reconstruction de leur ville. Tous, ils veulent croire qu'en effet ils ne sont pas oubliés, car parfois le doute l'emporte. La quatrième ville de France a l'impression que du dehors (comprendre de la capitale et de l'état-major de chez Total, dont AZF était une sous-filiale), on l'a peu à peu laissée tomber, ou du moins qu'on prend son temps pour agir.
Six mois après la catastrophe qui avait fait 30 morts, 2 500 blessés et 40 000 sinistrés, sans compter les emplois en suspens et le milliard et demi d'euros de dégâts, rien n'est résolu. La ville est en chantier, les esprits aussi, ainsi que l'a constaté la réalisatrice Patricia Le Chevallier qui, depuis décembre, a essayé de centraliser les opinions des Toulousains: blessés, déplacés, traumatisés; civils ou salariés d'AZF. Ces cadres ou employés qu'on a peu entendus et qui sont doublement meurtris comme premières victimes de l'accident et comme boucs émissaires désignés aux yeux de la ville. D'où une construction intéressante avec une voix off limitée aux infos «techniques» et un montage présentant sans parti pris les rejets, les souhaits et les angoisses de chacun. Avec un affrontement inéluctable entre les 8 000 personnes vivant indirectement du pôle chimique et les autres, simples résidants de cette ville plus très rose.
Le film cherche comment