On n'y prête pas attention, aux portes. C'est idiot, une porte. On l'ouvre, on ferme, on passe son chemin. Et puis basta. Mais chez les Durn, à Nanterre, la porte, c'est tout ce qui reste. Une porte dans les tons rouge, bordeaux, les tons sanguins. «Une mère sous le choc qui s'est retranchée», dit TF1. «Pour préserver son image, la mère de Richard Durn répond aux questions des journalistes à travers la porte de son pavillon», ajoute France 2. Une porte et des accroupis devant. C'est idiot, ça aussi. C'est étrange, et dérangeant. Plan serré sur la poignée en fer forgée et le petit autocollant au nom de famille : «Durn» en doré sur fond noir-deuil. Dans la boîte aux lettres : quelques prospectus et le fil d'un micro. Devant : la peluche d'un micro-perche, des types avec leur calepin, agenouillés, qui devinent autant qu'ils écoutent le monologue perdu d'une mère perdue. Bientôt, ils vont défiler, de toutes les chaînes, de tous les journaux, de toutes les radios, comme à confesse. Les visages changent, les mimiques demeurent. La gêne d'être là. L'obligation (?) d'être là. C'est dur, les faits divers. Faut pas croire. C'est salissant, passionnant, c'est tout au bout de la vie. Au seuil de tout.
Plan de coupe, élargi cette fois. La rue du tueur, dans le vieux Nanterre. Des policiers qui passent, un scooter qui fait son cirque. Et ça recommence. La porte fermée, les r qui roulent de Stefanina la Slovène, 65 ans. Un journaliste qui colle son oreille, s'interroge ; un second qui sembl