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Libération
Critique

Entretien avec un vampire

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TCM, 20 h 45
publié le 3 avril 2002 à 22h54

L'Irlandais Neil Jordan, dont on se souvient les effets histrioniques de The Crying Game, cache son absolu manque d'inspiration et son caméléonisme sans vergogne derrière des salades hollywoodiennes toujours tirées par les cheveux, mal fichues et insipides, parfois distrayantes. Pourquoi pas les vampires? Figure élémentaire, pour ne pas dire métaphorique du cinéma qui se nourrit de la chair fraîche de la réalité, le vampire, écrit Philippe Arnaud dans le très poétique Paupières du visible (1), est «un revenant en corps (...), parent de l'être projeté du cinéma qui peut être mis en déroute par un rayon de lumière». Jordan n'est ni Murnau ni Dreyer, ça se saurait, et ses vampires ne sont pas fait de la matière même d'un mystère translucide et inhumain qui ne se laisse pas concevoir. Ils sont terriblement temporels, reconnaissables et sans surprise. Et pour cause puisque ce sont Tom Cruise et Brad Pitt, l'un jouant programmatiquement de son sourire carnassier dont il trouve cette fois l'usage littéral et parfait, l'autre de son évanescence postadolescente.

Jordan ne s'est pas encombré outre mesure de la quincaillerie habituelle (gousses d'ail et pieux fétichistes). Ses vampires ont déserté la légende et ne sont plus que des supports-prétextes à la sauce sentimentale hollywoodienne habituelle. Leurs problèmes sont purement psychologiques et moraux, mais alors à quoi bon être un vampire? C'est d'ailleurs, comme une critique involontaire du film par lui-même, ce que Cruise répète i