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Libération
Critique

Une pasionaria en otage

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publié le 3 avril 2002 à 22h54

Ingrid Betancourt, riche sénatrice colombienne et francophile, figure de proue du «non» à la corruption qui ravage son pays, a été faite prisonnière par les Farc (Forces armées révolutionnaires colombiennes) le 23 février. Le documentaire, rediffusé par Des racines et des ailes présentant son action au quotidien, a été tourné un an avant son enlèvement. Quasi maternelle avec le «petit peuple» comme l'explique le film, Ingrid Betancourt, à 40 ans, passe parfois auprès du reste de la population colombienne pour vaguement illuminée. Belle, riche, fille de sénateur et passée par Sciences Po à Paris, on l'aurait sûrement préférée en dame patronnesse de luxe. Mais de cela, le film ne dit rien. Revenue chez elle en 1994, elle a choisi de se battre contre la misère et la corruption, allant jusqu'à se mesurer aux amis d'autrefois (l'ex-président Samper). Plus connue et lue à Paris qu'à Bogota pour son autobiographie best-seller, la Rage au coeur, elle n'est guère prophète sur sa terre. Touchante lorsqu'elle lit tendrement à sa fille une lettre écrite au cas où elle viendrait à disparaître dans son combat, la très croyante Ingrid Betancourt a aussi tendance à câliner et abreuver de bons conseils tous ceux qui passent. Démagogie à la Eva Peron ou nature profonde? Le climat politique colombien n'est pas le nôtre...

Aujourd'hui, Ingrid Betancourt est en partie victime de ce qu'elle a dénoncé: l'achat de voix avant les élections. Les 200 000 pesos qui renversent un score et qui font qu'el