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Libération
Critique

Elle

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TCM, 20h45.
publié le 12 avril 2002 à 23h01

Il y a plus de dix ans entre The Party (1968) et Victor Victoria (1982), deux parmi les films les plus connus de Blake Edwards, entre une liberté d'expression sans entrave et le passage à une menace d'académisme. Elle (Ten en VO), tourné en 1979, a perdu le timing d'enfer et l'état de grâce du premier, tirant parfois vers la maîtrise plus fabriquée du second, mais conserve un regard d'une grande justesse sur ce qu'on appelle le contemporain. «Ne me refais jamais le coup de la surprise-party», déclare Dudley Moore d'entrée de jeu à Julie Andrews qui s'était fait un plaisir de réunir en cachette ses amis pour lui fêter ses 40 ans. Blake Edwards signifie clairement qu'il n'est pas bon de regarder en arrière, mais comment aller de l'avant à partir d'un certain âge ? Elle est un film sur la quarantaine, et plus exactement sur la perte de la spontanéité. George Weber est un parolier reconnu, vivant à Beverly Hills. Il a une relation sans surprise avec Samantha, femme formidable, aimante, adulte, intelligente. Sa seule entorse à une vie sans problème consiste à mater au télescope les insignifiantes partouzes qui s'improvisent chez un voisin. En passant en voiture décapotable, George a le coup de foudre pour le profil de madone d'une jeune mariée en route pour l'église. Quand on a peur de vieillir, la meilleure solution, c'est encore de régresser un bon coup.

Plus l'idée fixe est absurde, plus elle est performante, d'où une poignée de gags edwardsiens essaimés au gré du vent, avec ce