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Libération

«En direct du siège de C+»

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publié le 18 avril 2002 à 23h04

Monsieur Messier,

Votre décision a involontairement sonné l'heure H de l'irruption de la télé du réel. L'heure du petit soir en grand soir, et en direct : une A.G. de télé à la télé !

Un moment dément, avec des phrases démentes, des «j'espère que M. Messier nous regarde», des «j'ai déjà préparé l'écran noir», des «on peut utiliser l'antenne : on a une télé!».

Bien sûr, comme vous avez dû l'éprouver, cher Grand Maître du Monde, il y avait quelque gène à assister à cet étalage.

Pour vous, c'était votre premier conflit social. Pour nous, une perte d'habitude, sans doute : rien n'est moins traité à la télévision que ces souffrances-là, jamais les Moulinexeries n'ont droit à trente minutes en direct. Mais c'est cette gêne, précisément, qui était vive et belle.

Ce sursaut sans trucage, ces visages sans maquillage, ce «happening [qui] continue» (© PPDA !), cette arrogance d'hier qui devenait de la fronde en clair et en os. Et puis, quelle beauté, ce long plan séquence sans hystérie, sans plan de coupe, ni clappeurs. De la télé comme on n'en voit peu. Eloge de la lenteur et de la fureur mélangées. C'était beau, pénible, et prometteur comme une scène de transition, dans les pornos du samedi, sur Canal.

Dans la lucarne des Guignols, des quidams scandaient «Lescure Président». C'est surtout de là que tout ce cirque prenait corps. Le Commandant Sylvestre et sa World Company avaient déserté. Fini les marionnettes, fini le grand écart C+ meilleur ennemi du Grand Capital Audiovisuel, place aux i