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Libération
Critique

La Chienne

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publié le 18 avril 2002 à 23h04

Regarder la Chienne, c'est regarder Renoir au moment où il regarde Michel Simon péter dans des draps propres. En direct, s'il vous plaît. Au début des années 30, quand le cinéma n'avait pas encore rendu l'âme sous le formatage liberticide des genres, c'était une des définitions possibles du métier d'acteur. L'acteur, c'est celui qui pète dans les draps. Tu es perdu, petit ?

Tu crois que le minimum syndical de l'éthique du spectacle, c'est de ne pas péter ou roter après que l'auteur a dit moteur. Faut dire, tu n'es pas le seul à croire que le métier d'acteur et les bonnes manières, c'est pareil. La petite Rosetta, avant d'être sublimement prolétarisée par les Dardenne, elle n'avait pas remporté des concours d'éloquence, des fois ? Si tu veux comprendre pourquoi des millions d'années nous séparent du naturalisme péteur et des crachouillis optiques de la Chienne (Renoir, 1931) ou de Boudu sauvé des eaux (Renoir, 1932), tu vas faire deux choses. D'abord, regarder le vieux Jean Renoir s'extasier devant les souvenirs scatos du vieux Michel Simon dans le documentaire de Rivette que Cinétoile passe en boucle depuis quinze jours. Pour te donner une idée de toutes ces années qu'on ne peut pas remonter, tu vas me faire plaisir de regarder aussi le Cours Florent, le reality feuilleton de Canal + sur la célèbre école de formation pour comédiens.

Les meilleurs élèves du meilleur cours. Ces filles et ces garçons, tu ne vois pas d'où ils viennent ? De l'endroit social où personne ne pète jama