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Libération

«Et j'ai peur, et c'est tout»

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publié le 24 avril 2002 à 23h09

Il pleure, lui d'ordinaire si cool and funky. Il pleure et la caméra lèche ses larmes comme font si bien ces petits appareils. «Excusez-moi mais ce soir... Faut me comprendre... je suis un Noir en France, c'est chaud... là... enfin... je suis bien ici... mais faut me comprendre, quoi... C'est chaud pour moi de dire que je vais bien, vous me comprenez ?»

Une main dans ses cheveux, qu'il a touffus, cool and funky, et puis, ce ralenti naturel qu'offrent les larmes. De la télé en prise directe, puissance des images. C'était dimanche, vers 23 h 30, quand Le Pen... C'était dans le Loft.

Après, il y a Kamel, Kamel l'Arabe, l'Arabe télé, tchatcheur, embrouilleur sourires, sympa et survolté, petite taille et taekwondo. «Jusqu'à la dernière minute, je ne lâcherai pas. J'ai mon mot à dire, tu vois ce que je veux dire ? Comme elle a dit, Lesly, quand tu votes, tu peux parler. Mais quand tu ne votes pas, psychologiquement, tu peux pas parler, tu vois ? Moi, je l'ai, ma voix. Je peux parler. Moi, je suis content d'être là. La France, elle me regarde. Je suis un rebeu. Mais quand je sortirai, j'aurai mon mot à dire.»

Et Kamel, polo à chinoiseries, ce dernier truc streetwear, qui parle et parle encore. De son père, à «qui [il] pense», ce père qui «est au fond de [son] coeur». Le confessionnal se fait tribune, soudain. «Je voulais passer un message pour tous ceux qui peuvent être concernés par ce terrible événement : de rester solidaires, qu'ils doivent tous s'unir, rester positifs. Faut pas to