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Libération

Le fief TF1

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publié le 21 mai 2002 à 23h32

Il était une fois un royaume. Pour ses souverains, tout n'était que douces victoires. Sur ses terres télévisuelles, personne n'osait s'attaquer au seigneur Bouygues. Soir après soir, la fée Audimat se penchait sur son berceau de béton armé et y déposait d'amicaux vassaux par millions, heureux d'y être toujours choyés et flattés comme des courtisanes. C'est alors qu'une rumeur se fit clameur. Cela avait commencé un 14 juillet par un discours du duc de Chirac, un ami. Dehors, dit-il, on parlait partout de crimes et de délits. Inquiet pour ses sujets, l'empire TF1 envoya ses meilleurs éclaireurs, vite imité par quelques contrées amies, France 2, M6, surtout. Bientôt, ce ne furent que des écrans à feu et à sang, avec le son mais rarement le sens ; dans les JT, citadelles des trônes, mais aussi dans leurs faubourgs reculés devenus coupe-gorge (Ça peut vous arriver, Ça me révolte, Sans aucun doute, Le droit de savoir, Zone interdite, etc.).

Quelque chose avait pourtant changé. A force de montrer des incivilités, la bienséance en pâtit. Ici ou là, on se révoltait contre le roi et ses alliés. La bataille dite du 21 avril était passée par là. Par Dieu tout zappant, qui donc a fait Le Pen roitelet d'un jour et d'un tour ? Dans les rues, des manants brandissaient des pancartes fustigeant les vieux princes.

L'empire TF1, sûr de sa suprématie, multiplia les dénégations. Puis son chef des armées fut contraint de dévoiler le stratagème de sa majesté : «Depuis plus de deux ans, toutes les étu