La musique est forte. Il y a des bruits de pas, de portière, de couvercle de poubelle qu'on rabat, des ralentis, des vues aériennes, des visages en gros plan, quelques flashs. Quand des menottes sont serrées, une guitare basse tourne la clé. Et ça claque de partout. Il y a ces champs-contrechamps, cette réalité outillée comme une fiction, ces allers et retours constants, dans le temps, dans l'espace, commissariat-prison, cabinet d'avocat-salle d'audience, motel du crime-Jacksonville la nuit, là où, d'ordinaire, la télé fait dans le linéaire, une idée après l'autre, la complexité souvent aplanie.
Et puis, il y a les personnages. Glover, le flic noir, rondouillard et magouilleur, cogneur et beau costard. Un autre flic, Darnell, un Blanc, bad guy poli et fine moutache. La procureure, qui se voit dans ce qu'elle est : un film («Croire aux allégations de la défense revient à croire à une conspiration digne d'Oliver Stone»). Melissa, l'élégante mère. Le coupable, Brenton Butler, innocent idéal, muet et fluet. Des bons, des méchants, Dieu aussi, et en Cinémascope.
Et puis, il y a Patrick McGuinness, l'avocat. Jeudi, lors de la première diffusion du docu Un coupable idéal (France 2), McGuinness était bon. A la revoyure, dimanche soir, il excellait. McGuinness, la gestuelle lente, l'usine à clopes, et des verres vides. McGuinness, servi en français par un doublage trop grave, trop suave, c'est le genre à ne pas dormir la veille de sa plaidoirie, à faire les cent pas chez lui, à tout no