Elle va et revient, plutôt discrète, de studio en studio. Elle fait son trou, sa place, sans crier gare, on la remarque à peine, déjà partie prenante des décors et des débats politiques. Elle sait sourire, se taire, laisser-faire. Elle a appris. Elle a compris. Elle a tout de son père : le cou, le visage, la même silhouette massive, la chevelure blonde et le sourire. Le Pen Marine, la plus physiquement Le Pen des Le Pen, la plus Jean-Marine. De semaine en semaine, elle fait son trou, et Georges-Marc Benamou, un éditorialiste, dit-on, ne voit rien venir.
Sur le plateau de Mots croisés (France 2, lundi), Benamou ironise. Cultive le paradoxe. Fait son malin. Croit que le fascisme a des jours comptés. «On a de la chance, avance-t-il, d'avoir Jean-Marie Le Pen en France.» Parce que le vieux est vieux, qu'il n'est pas mode, pas in, pas présentable, pas homo comme feu Pim Fortuyn, qu'il sent le sapin et les costards à boutons dorés. Elle, la fille de, laisse couler. La suffisance de ses contradicteurs est son atout maître. Elle a compris. Marine Le Pen hoche la tête, et rit, rit comme son père. C'est sa force : son sourire des Dents de la mer et du Père. Au large, l'aileron paternel flotte toujours. Son nom est une vitrine, inutile d'ouvrir l'arrière-boutique. Tout le monde connaît la sale camelote. C'est sa carte : être son père, sans les dérapages. Le portrait craché, sans les crachats. La haine, avec des yeux verts. A la fin du débat, elle dit ceci : «Moi, je n'insul