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Libération

Les yeux du stade

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En vingt ans, le football filmé a vécu une révolution.
publié le 1er juin 2002 à 23h48

Nous sommes en 1982. La demi-finale de la Coupe de France oppose Saint-Etienne à Bastia. Le «Soir 3» de l'époque (1) rend compte de l'événement. La caméra est placée dans les tribunes, donc loin du terrain. Du coup, pour attirer l'attention du téléspectateur sur les actions du jeu, le réalisateur n'a qu'une solution : le zoom. Pour suivre les déplacements des joueurs d'un bout du terrain à l'autre, la caméra fait de grands mouvements de gauche à droite. Résultat pour le téléspectateur: un mal de mer carabiné et quelques menus désagréments comme rater le but qui qualifie Saint-Etienne, pour la bonne et simple raison que la caméra était en train de filmer l'autre bout du terrain. «Dans les années 50-60, explique Charles Tesson, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et spécialiste du filmage du foot, il n'y avait que 3 ou 4 caméras, maximum, pour filmer un match.»

Hier, pour le match d'ouverture de la Coupe du monde, il y en avait 23 sur le stade de Séoul. Jusque dans les années 1980, le foot à la télé c'était, en gros, de la radio filmée : un terrain vu de loin en plan large accompagné d'un commentaire calqué sur celui des speakers britanniques : très neutre et très descriptif. «Avant, souligne Charles Tesson, on ne voyait jamais l'arbitre, ni l'entraîneur ; pratiquement tout était filmé depuis les tribunes.» Avant quoi ? Avant 1984 et la naissance de Canal +. Avec l'arrivée de la première télé payante en France, il faut que l'abonné en ait pour son argent, pas question qu'on