Menu
Libération
Critique

Nora, mémoire d'Histoire

Article réservé aux abonnés
publié le 1er juin 2002 à 23h48

Pour quatre semaines, jusqu'au 23 juin, l'historien Pierre Nora est le nouvel invité de la passionnante série dirigée par Marc Riglet, «Histoires d'Historiens».

En introduction à ce premier volet, «Ego Histoire», l'homme à qui l'on doit l'essentiel Lieux de mémoire, se définit subtilement : «Je suis un marginal central. Marginal, parce que je ne me suis jamais senti ni un vrai universitaire, ni un vrai historien, ni un vrai éditeur, ni un vrai écrivain.» Et central parce que, hasard et nécessité, Pierre Nora s'est trouvé depuis trente ans au carrefour de nombre d'aventures intellectuelles, chez Gallimard, où il n'est pas peu fier d'avoir planté «le drapeau des sciences humaines sur cet Annapurna», et à l'Ecole des hautes études. Revenant sur la guerre, qu'il vécut enfant de 1940 à 1943, à Grenoble avant de se réfugier dans le Vercors, il évoque Simon, son frère, résistant. Lui est pensionnaire d'un établissement qui le marquera : les professeurs, venus d'Ukraine, de Pologne, y sont ouvertement trotskistes, surtout profondément humanistes. On imagine à l'entendre, ému, l'effervescence qui devait y régner. Simon, lui aussi, joue un rôle d'éducateur. La fin de la guerre est pour lui un choc psychologique : le voici rendu à une vie stable et normale. Direction le lycée Carnot, pour une hypokhâgne où il rencontre Pierre Vidal-Naquet. Son échec à Normale Supérieure précipite les choses, le voici en Algérie où il écrit, dans l'urgence, les Français d'Algérie, qui s'oppose à l'idée s