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Libération
Critique

Simone et le jeune homme en colère

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publié le 1er juin 2002 à 23h48

Attention à vos désirs, ils finiront par se réaliser. Room at the Top surprend par le regard frontal que l'Anglais Jack Clayton posait en 1958 sur amour, sexe, argent. A force de considérer comme acquise la libération des moeurs, désinvoltement confondue avec une maturation de la société et des individus, le cinéma contemporain, soit a déserté le terrain (trop romanesque) des sentiments, soit, au prétexte de dénonciation, s'abîme dans la représentation de rapports humains de plus en plus violents et chosifiés, dont le parti pris stylisé, pour être en conformité avec le sujet, pourrait bien, aussi, en devenir l'esclave.

Room at the Top tressaille de toutes les fibres physiques et mentales de son personnage, jeune homme en colère issu du prolétariat, bien décidé à faire un rapide saut de classe. Fraîchement débarqué dans une ville moyenne comme employé à la mairie, il jette son dévolu sur la fille du potentat local, a priori inaccessible, donc désirable à plus d'un titre. La séduire et l'épouser, c'est niquer l'injustice sociale, prendre sa revanche sur l'arrogance des riches.

Loin de tout sentimentalisme et facilité bien-pensante sur la classe ouvrière, Clayton (cinéaste parcimonieux, également connu pour ses adaptations du Tour d'écrou et de Gatsby le magnifique) décrit un personnage complexe, idéaliste et cynique, tendre et féroce, aimable et détestable. Rien que de très banal, jusqu'à ce que le jeune homme croise Alice, bourgeoise mal mariée de dix ans son aînée, dont il déc