Menu
Libération
Critique

Sexy Celluloïd

Article réservé aux abonnés
publié le 5 juin 2002 à 23h49

Cela débute par deux oisillons pinaillant Sodome en plein air. L'un tire la langue, l'autre, pris par derrière, perd l'assiette et chute. Les deux s'écrasent sur une antenne télé. L'antenne répercute un éclair dans l'arrière-tête de Grant. Lui pousse alors un furoncle qui le dote de pouvoirs magiques et d'une grande appétence sexuelle. Commence l'Impitoyable Lune de miel de Bill Plympton. Couronné en 1998 par le grand prix du festival d'animation d'Annecy avec ce deuxième long métrage, Plympton s'inscrit dans la grande chaîne du cartoon allant de Tex Avery aux caricaturistes du New Yorker. Ce qu'il y a de bien avec cet artisan de l'animation qui dessine lui-même ses cellulos, c'est son aspiration à vouloir devenir l'égal de Disney tout en étant continuellement dans l'excès. On pourra ici trouver quelques longueurs ou juger l'Impitoyable Lune de miel bien moins narratif que les Mutants de l'espace, son dernier long métrage. Il n'empêche. En guise de prologue, l'homme n'hésite pas à citer Picasso : «Le bon goût, quelle horreur ! Le bon goût est l'ennemi de la créativité.» Provocateur, Plympton est, comme Robert Crumb, un authentique soixante-huitard. Avec lui, on revisite l'amour conjugal et le sexe dans des scènes de coïts extraordinaires. Avec lui, la tondeuse à gazon se venge du tondeur, les pistolets se retournent contre leurs possesseurs. Plympton se moque (aujourd'hui encore) vertement du patriotisme, de l'armée, des médias et de la famille. C'est bon enfant mais telleme