Finement écrit, finement réalisé, ce film qui traite de la destinée d'ex-dentellières de Calais. Après leur licenciement, Andrée (Mireille Perrier, très bien) et son mari Michel (Philippe Dubois) réagissent différemment. Lui, c'est un taiseux, comme on dit là-haut. Réfugié dans la nostalgie de son statut de tulliste (les aristocrates de la dentelle), il retourne chaque jour sur son métier à tisser abandonné pour se persuader d'exister encore. Andrée, elle, est une battante qui entraîne un groupe d'amies à rebondir en créant des modèles de vêtements qu'elle veut présenter à un grand couturier. Et veut prouver qu'ouvrier ne veut pas dire bête machine à exécuter. Elle et ses amies étaient des ouvrières très qualifiées. Leur seul problème est qu'elles viennent d'un milieu où l'on courbe le dos, sans se voir capables de voler de ses propres ailes. Ainsi, la grand-mère d'Andrée (incarnée par Patachou) : femme dynamique, respectée, pourtant tremblante dès qu'il s'agit de sortir de sa condition, de «péter plus haut que son cul». Et tout le message du film est là. Dans cette prise à bras-le-corps d'un monde qu'on ignore et qui vous ignore mais qu'on aimerait conquérir. Conflits de générations, différences de pensées, décodage de signaux venant d'un autre monde plus clinquant, les Petites Mains (déjà diffusé sur France 2 en décembre) abordent ces facettes dans une société où chacun reste à sa place, bloqué par l'histoire. L'air de rien, c'est aussi l'histoire de la mine, de l'immigrat
Critique
Maille à partir
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publié le 7 juin 2002 à 23h52
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