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Libération

«A demain», Gilou

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publié le 8 juin 2002 à 23h52

C'était Gilou et on l'aimait. Il riait pour de vrai, à grands éclats sonores. Il sautillait dès qu'il décrochait une info au téléphone, claquait des doigts et levait le pouce pour prévenir qu'il en tenait une bonne. «Supercopter !», lâchait-il en raccrochant, les yeux brillants. Il avait toujours un regard tendre, un mot gentil, une oreille à l'écoute des autres. Gilles était notre dandy ébouriffé, élégant à tous les sens du terme.

Depuis des années, sa silhouette adolescente promenait un look à l'anglaise, de beige et de marron, tweed pour les vestes, velours côtelé pour les pantalons et mocassins de cuir rouge foncé. Gilles était fin, cultivé, grand lecteur. Il n'aimait pas la vulgarité, le maquillage trop chargé et les bijoux voyants. Il tenait toujours la porte aux dames. Seule entorse à son savoir-vivre : ses volutes de Craven. On l'aimait parce qu'il donnait beaucoup. De l'attention, des sourires, de la joie, de la douceur. Gilles avait cette façon rare de rendre service en toute discrétion, de ne jamais se vanter d'avoir aidé quelqu'un. On l'aimait parce qu'il était simple dans ses sentiments. Il appréciait les gens ou ne les appréciait pas mais n'était jamais blessant, jamais mal attentionné. «On peut tout dire sans être méchant», expliquait-il. C'était vrai, ici, c'était vrai dehors. Ministres, députés, politiques de tous bords, se sont frottés à l'acidité de sa plume sans jamais lui en vouloir vraiment puisqu'il touchait juste. Beaucoup lui rendent hommage, tous fra