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Libération
Critique

Crumley en rade sur la route

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publié le 13 juin 2002 à 23h55

L'idée est presque évidente pour ceux qui aiment les romans de James Crumley : embarquer le vieil ours dans une virée à travers le Montana à la recherche du bar parfait. Car l'écrivain de Missoula ressemble de plus en plus à quelqu'un à mi-chemin entre ses deux héros : le détective alcoolique et camé Milton «Milo» Milodragovitch et Chauncey Wayne Sughrue, également détective, qui ne crache pas non plus sur la bouteille et qui tient à jour une impressionnante liste de débits de boissons s'approchant de la perfection. Le sujet de Sophie Parrault et Matthieu Serveau repose donc sur une longue errance, un peu trop longue même, à travers les paysages enneigés et montagnards du Montana où il faut parfois se taper une trentaine de kilomètres dans un chemin de terre pour dénicher le bon bistrot. La route à perte de vue avec, en voix off, les commentaires très écrits de Crumley : «La route, ce n'est pas la liberté, c'est juste son illusion. Mais la première fois que je suis parti de chez mes parents, au volant de ma première voiture, bon Dieu que ça y ressemblait !» Et puis, comme des milliers de fois, Crumley entre dans le bar avec sa démarche de plantigrade, la moustache épaisse jaunie par le tabac et ses paupières tombantes. Invariablement, il prend une bière. Puis une autre. Et puis il ne compte plus. Au mur, il y a souvent une tête de daim empaillée. Les clients, casquette de base-ball rivée sur le crâne, entament souvent la conversation. «Le bar parfait, c'est presque toujours